10 avr. 2013
S’adapter aux quarts de nuit, aux bouchons de circulation quotidiens, à un horaire atypique ou à de longues heures de travail n’est pas toujours facile. Et si on adaptait plutôt notre travail à notre vie?
C’est justement ce qu’a fait Julie. À l’aube de ses 40 ans, cette mère de famille a décidé de recadrer sa vie. Avec un père mourant, des enfants aux besoins particuliers et un emploi d’enseignante à temps plein, elle a revu ses priorités en misant sur sa famille et sa santé. «Je n’en pouvais plus d’être toujours à la course et de ne pas avoir le temps d’apprécier les petits bonheurs de la vie. J’ai pris la décision de ne travailler que trois jours par semaine, et ce, dans une école plus près de la maison», raconte-t-elle, en précisant qu’elle a dû réduire certaines dépenses pour y arriver. «Maintenant, je m’alimente mieux, je prends soin de moi et de mes proches et je me garde un peu de temps pour l’écriture.»
Comme Julie, de plus en plus de femmes choisissent le travail à mi-temps. L’Institut de la statistique du Québec indique que le travail à temps partiel a augmenté de 33 % entre 2000 et 2010 et qu’il est volontaire dans 77 % des cas. Les deux tiers des salariés à temps partiel sont des femmes, et la moitié d’entre elles ont fait ce choix pour prendre soin de leurs enfants.
C’est le cas de Maryse, une préposée aux bénéficiaires de 46 ans. «J’ai toujours refusé de travailler à temps plein tant que mes enfants n’étaient pas à l’école. Je me suis privée de voyages et de luxe, ce qui a provoqué des conflits avec mon conjoint. Mais je ne l’ai jamais regretté. Passer du temps avec mes enfants a toujours été ma priorité.»
Toutefois, travailler moins pour être davantage avec nos enfants, prendre une retraite progressive, démarrer une petite entreprise ou retourner aux études, cela se planifie. Avant de faire le saut, Hélène Thériault, conseillère en finances personnelles à la Caisse Desjardins de Montréal-Nord, recommande de dresser un bilan de notre situation financière, de faire un budget et de réduire les dépenses superflues. L’objectif ? Savoir où on en est pour réussir à dégager un montant mensuel qui compensera notre baisse salariale. «Si on est propriétaire d’une maison, par exemple, on peut envisager un refinancement hypothécaire qui intégrerait nos dettes personnelles, question de réduire le nombre et les montants des paiements mensuels tout en payant ultimement moins d’intérêts.»
Si on désire travailler à temps partiel pour vivre une retraite progressive, il faut bien faire nos devoirs, conseille Hélène Thériault: «Le régime de notre employeur calcule-t-il notre future rente en se basant sur le salaire moyen de nos meilleures ou de nos dernières années? Parce que s’il ne prend en compte que nos dernières années, notre revenu à la retraite risque d’être revu à la baisse.»
Pour redonner un peu de souplesse à notre vie, le télétravail est une solution de plus en plus populaire auprès des entreprises. En effet, plus de 16 % des entreprises québécoises offrent à leurs employés le télétravail à plein temps ou à temps partiel (une ou deux journées par semaine), selon un récent sondage de BMO Banque de Montréal. «J’apprécie tellement ma journée de travail à la maison, lance Caroline, 38 ans, agente en communication pour une grande firme. J’en profite pour rédiger puisque je suis moins interrompue par le téléphone, les réunions ou les conversations avec mes collègues. Je peux aussi me dégourdir en faisant un peu de lavage. C’est très pratique!»
L’horaire flexible ou comprimé est aussi une bonne façon de concilier travail et vie personnelle sans réduire nos revenus, selon Catherine Rousseau, directrice du programme de gestion des talents au Mouvement Desjardins. «Avec l’horaire flexible, on peut quitter le boulot à 14 h pour un rendez-vous chez le dentiste et reprendre les heures manquées le lendemain. On peut également comprimer nos heures de travail et faire quatre journées de dix heures pour avoir une journée de congé», suggère-t-elle.
Le travail à temps partiel, l’horaire flexible, le télétravail, c’est bien, mais comment présenter notre demande au patron et le convaincre que ce sera avantageux pour l’entreprise? «Il faut tenir compte du type de poste qu’on occupe et des besoins de l’employeur, explique Catherine Rousseau. Une employée performante et dédiée à son travail aura plus de chances de voir sa demande acceptée que celle qui est démotivée ou qui occupe un poste en lien avec la clientèle pendant les heures d’ouverture. Le défi réside dans notre capacité à négocier une entente gagnant-gagnant», admet-elle, en précisant que les entreprises doivent de plus en plus penser à la conciliation travail-famille dans leurs stratégies de recrutement, car la nouvelle génération priorise sa vie personnelle.
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Par Danielle Verville pour Coupdepouce.com
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